Je vais vous parler papier et autres choses….et plus particulièrement de Cai Lun, chef des Ateliers impériaux (mort en 121 de notre ère).

Tout savoir sur le papier !

Bien que certaines sources témoignent de la découverte, dans des tombes, de papiers remontant à plus de deux siècles avant Jésus Christ, le consensus attribue l’invention du papier aux Chinois, et plus particulièrement à Cai Lun, chef des Ateliers impériaux (mort en 121 de notre ère).

Le papier n’arrivera en Occident qu’en juillet 751. C’est à cette date que les Arabes et les Tibétains stopperont l’expansion de l’armée chinoise à Samarcande (actuel Ouzbékistan) et découvriront par la même occasion le papier dans leur trésor de guerre.

Autour de la Méditerranée, on ne connaît alors que le papyrus (agglomération de fines tranches de plantes) ou le parchemin (peau d’animal) comme matière d’écriture.

En 1250 le papier commencera à être produit en Europe, à Fabriano, en Toscane. Là-bas, se trouvent des tisseurs et des tanneurs qui profitent de la rivière locale, le Giano pour les besoins de leur activité. De façon connexe, ils vont bientôt broyer des morceaux de textile et les recouvrir de la gélatine animale résultant du jus de cuisson des peaux. Par cette manière, le papier sera non seulement renforcé, mais il accueillera toutes les écritures possibles.

Le processus s’industrialisera et les fabriques se multiplieront alors rapidement.

Pour se protéger des imitations, les maîtres d’œuvre de Fabriano auront l’idée de dessiner à l’aide d’un fil de cuivre un motif placé dans le tamis où se dépose la pâte. Ce sera la naissance du filigrane !

Avec l’invention de l’imprimerie au XVème siècle, la production ne cessera de s’accroître et avec elle la valeur des chiffons, car avant qu’il ne soit principalement constitué de bois, le papier était produit à partir de chiffons.

Avec la hausse de sa valeur, sa collecte deviendra un problème crucial, donnant parfois lieu à des « batailles de chiffonniers » !

De nos jours, bien que le coton en soit le composant principal, le chiffon subsiste toujours dans la fabrication des billets de banque.

C’est aussi grâce à ces deux éléments (coton doublé de papier) que les frères Montgolfier s’élèveront de 400 mètres dans le ciel de Vidalon-lès-Annonay en 1783. Une révolution juste avant la vraie !

Aujourd’hui, la production papetière se divise en papier « graphique », papier d’emballage et « tissues » à l’anglaise (mouchoirs, papiers hygiéniques, lingettes, serviettes…) pour un total de 400 millions de tonnes produites. Les usines se gigantifient, elles se concentrent au Brésil, en Indonésie, au Chili et en Amérique du Nord.

Le recyclage prend de plus en plus de place (80 % de papier recyclé dans le secteur de l’emballage). En 2010 déjà, plus de 50 % du papier consommé dans le monde était issu de papier recyclé, alors que cette proportion n’atteignait pas 10 % en 1960 ! Le papier devient moderne, technologique !

Alors que le chat a 7 vies, le papier en a 5, mais pour le papier, c’est prouvé !

L’eucalyptus est la principale source de papier aujourd’hui. C’est un arbre magique !

  • Il pousse vite (5 ans à 7 ans).
  • C’est un arbre « sociable ». Entre ses troncs on peut planter de nombreuses plantes (maïs, manioc, haricots…). Il apprécie la compagnie des autres plantes et s’en nourrit.
  • Il n’assoiffe pas les nappes phréatiques car ses racines ne plongent qu’à 2,5 mètres environ, alors que l’eau souterraine se découvre à partir de 15 mètres.
  • Il consomme peu d’eau naturellement. 0,43 mètre cube d’eau pour produire un kilogramme de bois, contre 1,65 pour le soja, 3,5 pour le poulet, 15 pour le bœuf !

Les cycles de production s’additionnent et les rendements augmentent. Magique on vous dit !

Alors vive l’eucalyptus et vive le papier !

Article écrit à partir de l’ouvrage « Sur la route du papier », d’Erik Orsenna (2012).

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